# A la une :    #Livres    #Beauval : départ Yuan Meng    #PairiDaiza    #Naissances2023

Actualités > 2016

 

Un panda photographié à Laohegou, une réserve naturelle au statut particulier (monts Minshan)

Publié le : 16 juin 2016  |  Auteur : Jérôme POUILLE  |  Sources : Mongabay, The Nature Conservancy, The Nature Conservancy blog, The Nature Conservancy MagazineChina Daily

 

La photo d'un panda sauvage marchant dans la neige a été dévoilée par le site d'informations Mongabay, spécialisé dans les actualités environnementales, qui publie ce mois ci une chronique en 5 parties sur les changements de pratiques dans la gestion forestière en Chine.

L'animal a été photographié le 5 février 2016 par un des appareils à déclenchement infrarouge installés dans la réserve naturelle de Laohegou (老河沟自然保护区), une réserve naturelle au statut particulier, un statut privé, qui se situe dans le comté de Pingwu (province du Sichuan) dans les monts Minshan.

Deux autres photos montrent un rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae) et un groupe de takins (Budorcas taxicolor).

 

Le panda sauvage photographié dans la réserve naturelle de Laohegou le 5 février 2016
© Laohegou Nature Reserve

 

Un rhinopithèque de Roxellane, photographié le 7 juillet 2015 dans la réserve de Laohegou
© Laohegou Nature Reserve

 

Un groupe de takins photographié le 5 mai 2015 dans la réserve de Laohegou
© Laohegou Nature Reserve

 

Par une loi du 8 juin 2008, la Chine a réformé son système de propriété forestière collective. Les forêts, propriétés du Gouvernement, d'agences gouvernementales ou de collectivités, étaient concédées aux foyers agricoles pour leurs activités.

Cette réforme de la forêt collective chinoise permet dorénavant à des entreprises ou des groupes privés de louer ou contractualiser ces forêts.

L'été 2015, des scientifiques de l'université chinoise « Beijing Normal University » et de l'association « Conservation International » s'étaient d'ailleurs inquiétés de cette réforme et ses conséquences pour l'habitat du panda. Dans une étude publiée dans la revue « Conservation Letters », une équipe sous la direction de Biao Yang indiquait que cette réforme allait permettre l’exploitation forestière commerciale, augmentant ainsi la collecte de bois de chauffage et de produits forestiers autres que le bois par des entreprises extérieures, mais aussi aurait pour conséquence le tourisme mal géré, et certains types de développement industriel dans des forêts collectives où ces activités étaient précédemment restreintes.

Cependant, et c'est le seul point positif que voyaient ces auteurs, la réforme permet aussi à la société civile, des agences publiques ou privées, de racheter certains droits de développement des communautés à des fins de conservation. Jusqu'alors, il n'était pas possible pour des ONG de faire l'acquisition de terres en Chine en vue de sanctuariser des espaces naturels.

La situation a ainsi commencé à changer, depuis la réforme de 2008, et en l'espace de quatre ans, la première aire protégée privée a vu le jour en Chine, à Laohegou, littéralement la vallée de Laohe.

Laohegou était auparavant une ancienne forêt d'Etat qui a été exploitée de 1972 à 1998 (date du moratoire sur l'exploitation forestière en Chine). 30 à 40% de la forêt avaient été exploités. Elle se situe dans le comté de Pingwu, dans la province du Sichuan. Cette forêt a été acquise en 2012 pour une durée de 50 ans par le partenaire chinois « Sichuan Nature Conservation Foundation » de l'ONG américaine « The Nature Conservancy » qui a souhaité développer sur ce territoire un modèle de conservation connu sous le nom de « Land Trust Reserve » (réserve de terres fiduciaire).

La réserve de Laohegou protège un mixte d'anciennes forêts exploitées, de terres collectives gérées par les communautés locales et de forêts originelles.

L'ONG « The Nature Conservancy » souhaite accompagner le développement des communautés locales dans un esprit de développement durable en promouvant des modes de développement alternatifs, la mobilisation de micro-crédits et l'ouverture à l'éco-tourisme. Un fonds de 16 000 dollars a été débloqué par l'ONG. Parmi les projets de développement durable, l'ONG accompagne les communautés à développer l'apiculture et autres modes d'agriculture peu impactants sur l'environnement naturel, mais aussi à écouler leur production via des filières responsables. Le plus proche village hors de la réserve est celui de Minzhu (民主村) qui compte 280 foyers et l'ONG accompagne également les villageois qui souhaitent développer une activité de maison d'hôte.

 

Le village de Minzhu est le plus proche de la réserve. Le statut de réserve a modifié les droits des villageois
qui ne peuvent plus aller ramasser des herbes médicinales ou couper les forêts pour se chauffer ou cuisiner.
L'association qui a acquis la réserve apporte son soutien financier et technique aux habitants pour qu'ils
se tournent vers des modes de vie alternatifs et qu'ils tirent des revenus de leurs nouvelles activités.
Sur la seconde photo, des villageois trient des noix, qui seront vendues via une filière responsable.
© Laohegou Nature Reserve

 

D'après les premières études terrain et le recensement le plus récent, la réserve de Laohegou abriterait 13 pandas géants. Lors d'une visite de la réserve en 2011, Charles Bedford et 24 de ses collègues de l'association ont même eu l'opportunité d'apercevoir brièvement deux pandas courir.

Les efforts de l'organisation « The Nature Conservancy » à Laohegou sont une porte d'entrée en Chine pour l'association qui compte bien démontrer l'efficacité de son action dans la gestion écologique de cet espace et qui espère dupliquer son modèle dans d'autres territoires chinois. D'ailleurs, l'organisation a déjà initié un second projet dans la réserve de Bayuelin (comté de Jinkouhe).

La réserve naturelle de Laohegou, d'une superficie de 11 000 hectares, abrite, outre le panda géant, notamment le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae), le takin (Budorcas taxicolor), le cerf porte-musc des forêts (Moschus berezovskii), l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), le faisan doré (Chrysolophus pictus) et le chat de Temminck ou chat doré d'Asie (Pardofelis temminckii).

Elle se situe à proximité de deux réserves naturelles nationales : celle de Baishuijiang et celle de Tangjiahe, qui sont toutes deux le refuge de nombreux pandas sauvages. La réserve de Laohegou, même si elle n'a pas encore officiellement ce statut, met sous protection un territoire qui remplit le rôle de corridor entre différents habitats du panda.

 

Vues de la réserve : un chemin bordé de sous-bois de bambous et une rivière
© Laohegou Nature Reserve

 

Le comté de Pingwu, dans la province du Sichuan, est celui qui abrite le plus grand nombre de panda sauvages. D'après les données du quatrième recensement national des pandas géants et de leur habitat, mené de 2011 à 2014 et dont les premiers résultats ont été publiés en 2015, le comté de Pingwu abrite 335 pandas qui se partagent un habitat de 288 322 hectares. Ce sont ainsi 105 pandas de plus qui ont été dénombrés dans le comté de Pingwu par rapport au 3ème recensement mené de 1999 à 2003.

 

A lire :

        > 13 février 2013 : La réforme de la forêt collective en Chine serait dommageable pour l'habitat du panda

        > 3 janvier 2012 : Observation rare d'un panda sauvage se nourrissant d'une carcasse de takin

 

Pour en savoir plus :

        > Répartition : Les pandas des Monts Minshan, dans la province du Sichuan

        > La réserve naturelle de Laohegou

        > Les réserves naturelles pour protéger l'habitat du panda : Fin 2009, la Chine compte 67 réserves naturelles pour la protection des populations sauvages de pandas

        > Liste des réserves naturelles de l'habitat du panda (PDF)